Écoute et impressions :
Les tests d’écoutes ont été effectués à domicile avec les éléments suivants :
– Lecteur CD YBA Classic Player 2
– Platine THORENS TD 166 Mk2 & cellule MM REGA Elys2
– Enceintes acoustiques PE LEON Kantor et RECITAL Audio Mutine Hefa EX
– Casque d’écoute AUDIO-TECHNICA ATH-A2000Z
– Câbles de modulation ESPRIT Beta 8G, VAN DEN HUL the Orchid, NORDOST Leif White Lightning
– Câbles HP ESPRIT Beta 8G
Pour l’alimentation secteur : filtre secteur LAB12 Gordian & cable de tête Knack Mk2, barrette FURUTECH F-TP 615 et ESPRIT Volta, câble secteur de tête FURUTECH G-314Ag-18E et prise murale FT-SWS-G de la même marque. Câbles secteur ESPRIT Celesta & Eterna.
• CD sélectionnés : The Last of the Mohicans ~ Trevor Jones B.O. du film – Jazz på svenska ~ Jan Johansson – Les Égarés ~ Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani – Prodiges ~ Camille Berthollet – Le Son Plaisir ~ Onkyo CD test 1992 – Naim CD test Sampler N°6 – Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens – La Folia de la Spagna ~ Gregorio Paniagua – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield – Ainsi parla Zarathoustra : Richard Strauss ~ Direction Lorin Maazel – Meedle ~ Pink Floyd – Swinging Safari ~ Bert Kaempfert – Requiem de Mozart ~ Direction : Herbert von Karajan – Soprane : Wilma Lipp – Toccata & Fugue – Jean-Sébastien Bach ~ transcription et direction d’orchestre : Léopold Stokowski – Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida – Quiet Nights ~ Diana Krall – The Singing Clarinet ~ Giora Feidman – Rive Droite – Rive Gauche ~ Swing Band meets Daniel Huck (Edition Passavant Music) – Vivaldi and Friends ~ Jeannette Sorrell – Dance into Eternity ~ Omar Faruk Tekbilek – Les Marquises ~ Jacques Brel – Barry Lyndon ~ bande originale du film, etc…
• Vinyles sélectionnés : Jalousie ~ Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli – Nameless ~ Dominique Fils-Aimé – All Time Favorite Melodies of Japan – Barry Lyndon ~ bande originale du film – Gershwin & sa musique ~ Frank Chacksfield and Chorus, etc…
Philosophie musicale & esthétique sonore
Registre aigu & médium
• Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens
L’entrée en matière démontre que le Model 50 est, bel et bien, un amplificateur intégré MARANTZ pur jus. Les yeux fermés, nous reconnaissons le « coup de patte » auquel le constructeur nous a habitué depuis…..toujours. Certains pourront adorer, d’autres penseront que MARANTZ ne se renouvelle pas trop !
La philosophie musicale dans sa globalité se montre douce, légèrement enrobée, chaleureuse. Ce genre de comportement « analogique » convient bien à des orchestrations jazz, telle que Les Géants du Jazz jouent Georges Brassens où les cuivres occupent largement l’espace. Le moins que l’on puisse dire est que la reproduction du spectre haut n’a rien d’agressive. Encore que ! Il me semble que cet amplificateur n’est pas totalement neutre, et encore moins linéaire sur les fréquences moyennes et hautes. Il arrive parfois que l’on relève un « surlignage » sur certaines notes aigües.
On sent bien que l’amplificateur a des propensions à filer haut pour mettre en lumière le violon soliste, la trompette, la trompette bouchée en leur octroyant également une texture lustrée d’un bel effet. Si la caisse claire de la batterie se montre légèrement criarde, les coups de cymbales sont bien aiguisés. Aussi, je m’interroge sur l’équilibre subjectif.
A contrario, je suis resté perplexe sur la gestion des harmoniques, et la faculté de faire durer et s’éteindre progressivement les notes dans le temps et l’espace. Je ne peux pas dire que la coupure soit franche et nette, mais j’ai plutôt eu l’impression que les fins de notes « sombraient » dans une sorte de brouillard naissant.
Registre médium & transparence
• Naim CD test Sampler N°6
Quelques extraits bien choisis pour bien vérifier le contenu des mélodies qui privilégient les fréquences intermédiaires. Cet album Naim Sampler N°6 n’en manquent pas. A l’évidence, le Model 50 se montre à l’aise avec la guitare d’ Antonio Forcione sur Tears of Joy. Elle est reproduite de manière naturelle, sans excès ni manquement. Une petite rondeur prend le dessus. La véracité des timbres me paraît crédible, mais il appartiendra à chacun de se forger une opinion définitive en fonction de ses goûts et attentes.
Cet amplificateur arrive à disséquer un bon nombre de détails qui rendent l’écoute plutôt agréable, sans la rendre fade. Il en émane des couleurs chatoyantes et séduisantes. Les percussions, coups de cymbales, grelots qui viennent enrichir l’interprétation affichent une présence non dissimulée. Toutefois, la transparence cristalline n’est pas totalement au rendez-vous. Le degré de résolution laisse quelques nuances plus ou moins dans l’ombre – le réglage de tonalité qui agit sur une plage de +/- 10 dB à 15 kHz n’est qu’un artifice qui ne résoudra pas ce petit flou.
Si la définition d’ensemble est plus que correcte, j’aurais cependant attendu un détourage des notes plus abouti. Des amplificateurs de même catégorie et de prix comparables sont capables de faire mieux. L’ATOLL IN 200 ou le REGA Elex sont, disons-le, sur ce point, sont plus « pointus ».
Registre grave
• Jazz på svenska ~ Jan Johansson
Le registre grave mérite quelques explications. Tout au long de ce banc d’essai, son comportement m’est apparu curieux. Tantôt, léger, tantôt boursoufflé, le registre grave n’a pas la cohérence souhaitée selon les sous-fréquences. Sur l’album Jazz på svenska de Jan Johansson la contrebasse se comporte pourtant de belle façon. Elle arbore une lisibilité et un bon suivi. Je la décrirais comme précise, sans toutefois briller par une stabilité et une assise « top niveau ». Elle descend sans mauvaise volonté à un niveau acceptable. On sent toutefois un bas / médium un peu empâté qui correspond depuis de longues années à la philosophie MARANTZ. Jouer sur le correcteur de timbre qui agit que la plage ± 10 dB à 50 Hz ne sert pas à grand-chose, sinon à légèrement affiner ou au contraire apporter une surépaisseur artificielle la reproduction.
• Ainsi parlait Zarathoustra – Ouverture : Richard Strauss ~ Lorin Maazel
L’écoute de l’Ouverture de Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss nous apprend en fait que la profondeur du grave est un leurre.
Ici, le préambule et le final aux grandes orgues n’ont pas la profondeur attendue. S’iI s’avère être bien contrôlé, il apparaît plus léger, voir écourté lorsqu’il s’agit d’aborder les notes les plus abyssales. Ici encore, si l’on sollicite avec le correcteur de timbre, on apporte du « gras » au message sonore et, par fait même, on le dénature. Donc, mieux ne vaut pas y toucher et le laisser en position médiane. Si les fréquences graves se montrent limitées sur l’orgue, toutes choses égales par ailleurs, les percussions quant à elles suivent à peu près le même chemin. Percutantes , elles le sont – je peux en attester. Leur « volume » est satisfaisant et l’aspect plein et matérialisé me semble correct sans pour autant donner dans l’opulence que requiert une transcription totalement fidèle.
Capacités de réaction – dynamique – rigueur
• Collaboration ~ The Modern Jazz Quartet with Laurindo Almeida
Associés à une alimentation substantielle, les étages de sortie HDAM SA3 démontrent leur efficacité. La rapidité d’exécution s’illustre par une excellente montée en puissance de l’orchestration. Le Model 50 n’hésite pas à monter dans les tours lorsque la situation le nécessite. C’est ainsi que nous découvrons les extraits les plus « nerveux » de l’album Collaboration du Modern Jazz Quartet. Parmi eux : Valéria qui débute doucement et finit par s’engager sur une voie plus dynamique garnie de pièges en tous genres.
Les attaques du piano ont un bon répondant sans toutefois rivaliser avec les accélérations des meilleurs électroniques du moment. La contrebasse est dans le même esprit en ponctuant les phrases musicales avec un entrain qui se matérialise par une vigueur correcte sans que celle-ci surprenne l’auditeur.
Le cas du vibraphone ne fait pas exception lorsque celui-ci change à tout va de tonalité, confirmant la bonne rapidité d’exécution. Ses couleurs varie avec agilité. Tatillon comme je le suis, j’ai tout même relevé une légère « dérive » sur la rigueur avec lesquels ces changements s’effectuent. Il est vrai que l’exercice est complexe, mais l’amplificateur a un tout petit peu tendance à « vriller » très légèrement. Cela se matérialise à une petite distorsion passagère et brève sur les fréquences transitoires.
Scène sonore – spatialisation
• The Last of the Mohicans ~ Trevor Jones B.O. du film
A travers tous les albums retenus pour ce test, j’ai été particulièrement attentif aux dimensions de l’espace sonore. J’ai retenu The Last of the Mohicans, car sa prise de son me paraissait la plus vraisemblable, sans qu’elle puisse paraître trop démonstrative. Pour être totalement opérationnel, cet amplificateur requiert de rester en permanence sous tension. Dans le cas inverse, il faudra attendre une bonne trentaine de minutes afin de laisser le courant s’installer et atteindre une température et une stabilité optimales.
Une fois ces précautions prises, et que le Model 50 a pris ses marques, celui-ci délivre une reproduction enveloppante. Cette faculté d’aller spontanément vers l’auditeur est, avant tout, rassurante. La scène sonore prend des proportions généreuses, sans pourtant afficher un présentation extravertie. La mise en scène est suffisamment holographique en largeur pour dévoiler une orchestration ample. Chaque plan adopte un positionnement en adéquation avec la prise de son et le positionnement des musiciens dans le studio. On observe une bonne répartition dans l’espace des différents pupitres, notamment en hauteur. Si l’étagement des plans est pas mal organisé, je fus quelque peu frustré par la profondeur de champ. Celle-ci est plus limitée que sur d’autres amplificateurs, pas forcément plus onéreux et / ou appartenant à une catégorie supérieure.
Nonobstant ce détail, les effets stéréophoniques sont correctement « agencés » de part et d’autre du centre de « l’écran musical ». Je n’ai pas relevé de « brèche » entre les informations diffusées à gauche et à droite et le milieu de l’espace sonore – gage de cohérence non négligeable.
Séquence plaisir d’écoute – émotion – sens de l’expression
• Les Égarés ~ Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani
Après les premiers jours d’écoute et une approche globalement séduisante, le « soufflet retombe ». Si le Model 50 se démarque des millésimes précédents, j’ai eu l’impression qu’à la longue, il n’arrivait plus à capter mon attention. La magie habituellement opérée avec des amplificateurs de catégorie, certes, supérieure ne s’est pas opérée. Ce qui est finalement normal.
Sur des extraits expressifs tels que ceux qui figurent sur l’album Les Égarés du quatuor composé de Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Emile Parisien, Vincent Peirani, j’ai, subjectivement, senti une sorte « d’éloignement » entre l’art musical et ma propre perception. Je ne peux pas affirmer que les couleurs sonores manquent de pigment, mais il manque ce petit quelque chose qui fait vibrer un auditeur qui attend de son équipement une volonté de « communier » avec la musique et ses interprètes qu’il affectionne. La restitution de type « analogique » humanise le message musical, c’est certain ! Cependant, au fil des heures, des jours, il s’installe un phénomène de lassitude. Celui-ci se traduit par un manque de personnalité de l’amplificateur. Pourtant la plupart des ingrédients nécessaires à une reproduction totalement émotionnelle sont présents, mais par analogie avec l’art culinaire, certains épices qui font la différence, mériteraient d’être ajoutés ou « travaillés » autrement.
• Quiet Nights ~ Diana Krall
Comme évoqué précédemment, le Model 50 privilégie les fréquences médium. Il aurait été étonnant qu’il ne fasse pas la part belle aux vocaux. De ce point de vue, on pourra aussi bien lui faire confiance sur les thèmes lyriques classiques que sur les thèmes plus contemporains. Aussi, la superbe voix de Diana Krall saura séduire ceux qui souhaitent un brin d’humanité dans le message vocal.
Sans apparaître divine, la voix de Diana Krall est reproduite avec un timbrage bien « lustré ». La diction est excellente : chaque syllabe est restituée de manière intelligible. La présence de l’artiste dans le lieu d’écoute permet d’établir un lien entre l’expression vocale et l’auditeur. Grâce à la petite orchestration qui accompagne le chant, le déroulement des phrases musicales / vocales s’effectue sans stress. Il ne sera pas interdit de pousser un peu le volume sonore pour profiter pleinement de cette voix envoutante.
Aucun doute, on se laissera prendre au jeu d’une reproduction enchanteresse, plaisante à bien des égards qui n’appelle pas de commentaires négatifs.
Entrée phono MM
• Jalousie ~ Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli
• Nameless ~ Dominique Fils-Aimé
• All Time Favorite Melodies of Japan
• Barry Lyndon ~ bande originale du film
Le Model 50 est « généreusement » livré avec une carte phono destinée à recevoir uniquement une cellule à aimant mobile (MM). Je ne peux pas dire que l’option MC manque, dans la mesure où cet amplificateur n’a pas pour vertu de mettre en lumière les pressages qualitatifs exploités par des cellules à bobine mobile. Pour tester l’entrée phono, c’est la platine Thorens TD 166 Mk2 et la cellule Rega Elys2 qui se sont chargées de la lecture des disques noirs. Cet attelage me semble cohérent et de bon aloi.
Aussi, je pense que l’entrée phono fait le job, même si j’ai et entendu mieux sur d’autres amplificateurs intégrés. A l’évidence, l’amplificateur ne rechigne pas à faire chanter les bons pressages vinyles. L’aspect fluide est une qualité qui va de pair avec la philosophie musicale du produit. La spatialisation et l’étendue de la scène sonore sont convaincantes. L’équilibre des timbres est aussi un atout non négligeable à verser à son actif. L’entrée phono se concentre sur l’essentiel du message sonore, c’est à dire un médium relativement fouillé. Les voix en général et, plus particulièrement celle de Dominique Fils-Aimé ne sont pas « effacées » : leur présence dans la pièce d’écoute est bien réelle, sans de faux semblants.
Je suis plus réservé sur le duo Yehudi Menuhin et Stéphane Grappelli qui ne s’exprime pas totalement avec l’enthousiasme et le professionnalisme qu’on leur connaît habituellement. La carte phono MM intégrée ne brille pas réellement pas son dynamisme que l’on serait en droit d’attendre.
All Time Favorite Melodies of Japan regroupe des thèmes traditionnels Japonais et qui, le plus souvent, brille de mille feux et surtout apporte de beaux moments d’émotion, ne m’a pas apporté cette substance que l’on obtient avec des préamplificateurs phono séparées ou même intégrés à des électroniques plus « élaborées ». Il réside des contours légèrement « approximatifs » qui ne mettent pas totalement en valeur l’intégralité du contenu musical.
Sur la bande originale du film Barry Lyndon, certains extraits révèlent une expression satisfaisante. Je retiendrai notamment les traditionnels irlandais, mais aussi Piano Trio de Schubert. Sans que la verve soit exceptionnelle, ils s’écoutent avec plaisir. En revanche, la Sarabande de Haendel manque cruellement de nervosité. Les grandes envolées de cordes ne sont pas au rendez-vous, pas davantage en ce qui concerne les percussions. J’ai senti une retenue qui nuit au plaisir total de l’écoute.
Sortie casque
Je ne vais pas passer énormément de temps à décrire les caractéristiques de cette sortie casque. Sa présence me semble plus anecdotique qu’autre chose. MARANTZ a toujours gréé ses appareils d’une sortie casque, sans réellement chercher à en faire une spécificité. Aussi, il n’est pas utile d’investir dans un casque de haut de gamme, le résultat ne serait pas en adéquation avec les résultats.
Ce que l’on peut en retenir : une musicalité finalement assez ordinaire et quelque peu différente de celle obtenue avec un amplificateur casque séparé. A cet effet, l’utilisation de l’amplificateur casque REGA Ear apporte une « plus-value » significative.
Si la spatialisation et le déploiement de la scène sonore sont recevables avec une bonne répartition de l’espace musical, la qualité des timbres est contestable. Cette sortie simplifie le message musical. L’écoute manque cruellement de grain, même si une once de finesse a été relevée. La réponse en fréquence me paraît plus restreinte aux deux extrémités. Certes, les réglages de tonalités peuvent plus ou moins apporter un gain subjectif, mais on oubliera bien vite la possibilité de s’isoler pour des écoutes en solo.
Conclusion :
Plutôt bien placé dans la catégorie des amplificateurs intégrés si situant dans une fourchette de 1500 à 2000 €, le MARANTZ Model 50 est, c’est indéniable, musical. En marge des quelques défauts que je lui attribue, il a une vocation chantante. Il peut donc constituer le cœur d’une chaîne haute-fidélité de gamme audiophile. La philosophie musicale signée MARANTZ saute immédiatement aux oreilles. Rondeur, chaleur, et séduction en sont les parfaites illustrations.
Prix : 1800 € (10/2024)